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ARCHIVES 2006 - Découvrir une activité : gendarme du lac

Auteur : Webmaster
Dernière modification: 16 December 2007

Collaboration "inter-brigades" du lac

Depuis quelques années, conjoncture et réductions budgétaires obligeant, les trois brigades de gendarmerie suisses du lac Léman, des cantons de Genève, Vaud et Valais, collaborent étroitement lors de recherches sous-marines. Elles mettent ainsi à disposition leur effectif de plongeurs, mais également leur matériel sophistiqué embarqué à bord de leur vedette respective.
Ainsi, plusieurs fois par année, ces hommes du lac se retrouvent pour participer à des journées techniques, afin d'exercer et de partager leurs connaissances.
Cet été, c'est la brigade du lac vaudoise, sous la responsabilité de son chef, l'adjudant Claude-Alain Bart qui organisa au large de Nyon cette journée consacrée aux techniques de ratissage lors de recherches sous-marines.
Seize gendarmes-plongeurs étaient au rendez-vous, 11 vaudois, 3 genevois, 2 valaisans.
 

Gendarmerie genevoise Gendarmerie vaudoise

C'est sur le lieu d'un drame qui s'est passé une année auparavant, ou un ressortissant des États-Unis avait coulé subitement et n'a jamais à ce jour été retrouvé (voir article de presse), qu'un périmètre balisé pour la circonstance a été installé.
Trois chantiers ont fonctionné durant cette journée:

  1. Essais de nouveaux aquaplanes sous-marins:
    L'aquaplane est une structure métallique formée de planches en forme d'ailerons, que le plongeur peut incliner à sa guise afin de monter ou descendre tout en étant tracté par un bateau depuis la surface. Il permet de ratisser rapidement de grandes surfaces. Cet engin demande une certaine technique et n'est engagé en général que dans des eaux claires et à une profondeur limitée (une vingtaine de mètres).
  2. Recherches systématiques:
    Selon la météo du jour du drame (vent et courant) et en fonction de l'endroit exact où le pédalo a été récupéré (waypoint GPS) lors de l'arrivée des sections de sauvetage, des balises sont immergées à distance et dans un axe précis afin que des plongeurs ratissent systématiquement en faisant des cercles de plus en plus grands, recouvrant finalement la surface inspectée de la balise précédente.

     
    Un chef qui se mouille, celui de la brigade du lac vaudoise Gendarme-plongeur
  3. Recherches bathymétriques:
    La vedette de Genève est équipée d'un système de bathymétrie "Simrad", intégrant deux sondeurs, un navigateur et un positionneur DGPS. Cela permet de mesurer des profondeurs du lac pour déterminer la topographie du sol et mettre en évidence des différences de niveaux qui pourraient être interprétées comme un corps. Ce système permet facilement de repérer par exemple un tronc qui serait poser au fond du lac.

C'est un puissant système informatique (70k CHF) qui est embarqué à bord de la vedette de gendarmerie genevoise pour interpréter et visualiser les informations recueillies par ce bathymètre largement utilisé en mer pour la pêche ou pour les recherches océanographiques.
La bathymétrie permet de :

Interprétés par un logiciel puissant qui combine ces informations avec les données de cartes vectorielles, il permet une visualisation en 3D des fonds visités.

En jaune, les endroits explorés Les cercles indiquent des échos suspects


Avec deux transducteurs de 38 et 200 kHz, la nature du fond peut être analysée sur plusieurs mètres et permettrait par exemple de différencier la densité du fond par rapport à celle d'un corps qui y séjournerait au-dessus.

Une vue en 3D du fond Indications sur la nature du fond

En pratique, les coordonnées de chaque échos suspects sont enregistrées, puis après un certain temps, un deuxième passage est nécessaire afin de baliser ceux qui sont toujours au même endroit, éliminant ainsi les signaux qui correspondaient à des poissons ou à d'autres échos fugaces. C'est à ce moment que les plongeurs sont envoyés inspecter le fond du lac pour identifier l'objet repéré.


Le chien cadavre

La brigade du lac vaudoise n'a pas la technologie de pointe qu'a son homologue genevoise, mais n'est pas en reste non plus, car elle peut compter sur un atout particulièrement efficace et unique en Suisse. Il s'agit du chien policier "Wito" qui peut localiser des corps enfouit depuis plusieurs années profondément en terre, mais est capable également de signaler un cadavre immergé dans un lac jusqu'à une centaine de mètres de profondeur (voir également son histoire).

Quelle que soit la profondeur de leur source d’émission, les molécules odorantes d’un cadavre finissent toujours par remonter à la surface avec les gaz issus de la décomposition. Ce sont ces effluves, parfois décalées par les courants, que le chien perçoit. Paradoxalement, la tâche du chien est plus facile sur l'eau que sur terre, dans la mesure où le liquide condense les odeurs dans une colonne compacte. Par contre, Wito ne peut pas suivre les odeurs jusqu’à leur origine, comme il le fait spontanément sur terre. Raison pour laquelle son maître doit se coucher à côté de lui et observer sa truffe, pour déceler ses intérêts et guider le pilote du bateau sur l’objectif.» Ainsi pour ce type d'intervention, les recherches se font depuis un bateau sur lequel le chien et son maître prennent place à l'avant. Dès que l'embarcation passe au-dessus du cadavre, le chien signale sa présence en grattant le bateau.
Wito a été formé selon la méthode mise au point en 1997 par le professeur allemand Wolf Kafka. Elle permet d’extraire et de sélectionner des molécules d’odeurs précises: stupéfiants, billets de banque, explosifs ou, en l’occurrence, cadavres humains à différents stades de décomposition. Ces molécules sont fixées sur des bâtonnets stériles en plastique. Une fois introduits dans le jouet préféré du chien, ils permettent d’associer jeu et odeur: «Wito est persuadé que son jouet est au fond de l’eau, raison pour laquelle sa récompense lui est toujours présentée comme si elle en sortait». Avantage du procédé chimique: il permet d’obtenir la quintessence d’une odeur, sans interférences. Du coup, le répertoire olfactif du chien est affiné et lui permet de retrouver l’effluve, même noyée dans différents mélanges. Aucune confusion possible avec d’autres matériaux en putréfaction, par exemple. Plus l'eau est chaude, plus le chien pourra détecter rapidement. Il est quand même judicieux d'attendre une à deux semaines avant d'entreprendre des recherches. Généralement, tant qu'il reste de la chair sur les os, il reste des molécules détectables pour le chien et dans le lac avec une température constante de 6°C à partir de 30 - 40m, cela peut durer pendant plusieurs années.
Cela n'a pas l'air, mais c’est un travail considérable pour l'animal, qui peut, selon les vétérinaires, multiplier son rythme cardiaque par quatre, car durant ce laps de temps, il analyse tout en permanence.


Les missions des brigades du lac

La vedette valaisanne Jorat 703 la vedette vaudoise

D'abord préventif, le rôle des brigades du lac est également, lorsque c'est nécessaire, répressif. De jour comme de nuit, des patrouilles sont organisées au cours desquelles les gendarmes veillent à ce que les Lois et Ordonnances qui régissent la navigation et la protection de l'eau soient respectées par tous les utilisateurs du lac.
Il faut également préciser que dans le cadre des recherches subaquatiques, les interventions se font sur tous les plans d'eau, rivières, autres lacs, étangs ou "gouilles" des cantons respectifs.
Les tâches des brigades du lac se répartissent comme suit : (elles sont globalement les mêmes pour les trois cantons, avec quelques spécificités)

Quelques chiffres

Par canton
Vaud

Genève

Valais
Lac Léman  
Longueur des rives 102 km 32,6 km 7,6 km
Surface des eaux cantonales 298 km2 36,7 km2 10,6 km2
Immatriculations 9'500 bateaux * 6'540 bateaux 750 bateaux
Nombre de ports 32 11 2
Par brigade du lac  
Effectif d'été 5 gendarmes 12 gendarmes 5 gendarmes
Effectif d'hiver 2 gendarmes 8 gendarmes 5 gendarmes
Suppléants plongeurs non 6 gendarmes 4 gendarmes
Bateaux à disposition 3 unités 11 unités 4 unités
Vedette 1 unité 3 unités 1 unité
Type Boston (coque rigide) 1 unité 3 unités non
Type Zodiac (coque caoutchouc) 1 unité 1 unité 1 unité
Petits bateaux de travail non 3 unités 2 unités
Activité 2005 (parmi les plus significatives)
Patrouilles 86 Ù Ù
Accidents de navigation 2 I I
Accidents de plongée 2 I I
Interventions au total 65 I I
Personnes secourues 11 I I
Recherches suba. personnes 14 I I
Recherches suba. matériel 16 I I
Levées de corps 5 INFORMATIONS INFORMATIONS
Pollution 16 NON COMMUNIQUEES NON COMMUNIQUEES
Infractions navigation 64 I I
Ivresses 0 I I
Défaut permis - assurances 35 I I
Incendies 0 I I
Embarcations non-conformes 3 I I
Renflouages 2 I I
Vols embarcations 0 I I
Formation plongée 317 heures Ú Ú

* il faut ajouter environ 6000 embarcations réparties sur les lacs de Neuchâtel, Morat et Joux

Pour faire partie d'une brigade de gendarmerie du lac, il est nécessaire en plus de qualités particulières à ce domaine, d'être au bénéfice d'un brevet de plongeur. Sur Vaud par exemple, il faut avoir au minimum cinq années de métier dont deux passées en poste et trois en brigade. L'été, l'effectif des brigades lacustres est de 8 hommes (il n'y encore pas de femme incorporée). Cinq sont basés à Ouchy, trois à Yverdon-les-Bains.


Bibliographie:
Police cantonale vaudoise
http://www.lagruyere.ch/
Brigade du lac vaudoise (page pas à jour)
Brigade du lac genevoise
Brigade du lac valaisanne

Remerciements à l'appointé Christophe Ehinger de la Gendarmerie vaudoise - Brigade canine

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