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Mécanisme de la noyade

Auteur : Maurice Badoux  membre de la section de La Tour-de-Peilz
Dernière modification: 24 March 2007

Introduction

En Suisse, en 2003, 89 personnes sont mortes des suites d’une noyade.
En France, chaque année, ce sont environ 1700 personnes qui décèdent par immersion. C’est une des principales causes de mortalité chez l’enfant de moins de 15 ans et c’est la première chez l’enfant de moins de 4 ans. Elle concerne plus fréquemment les garçons que les filles.

Mais qu’est-ce que la noyade ?

Définition

Par définition la noyade est un accident de type asphyxique aigu provoqué par l’inondation des voies respiratoires suite à une immersion ou une submersion.
On distingue la noyade dite primaire, de la noyade dite secondaire. De même, on fait une distinction entre la noyade en eau douce (lacs, piscines, rivières) de la noyade en eau de mer. Une victime d’une avalanche de neige poudreuse présentera aussi des symptômes de noyade.

Noyade primaire (asphyxique)

Par noyade primaire on entend que l'inondation des voies respiratoires se fait  AVANT  la perte de connaissance et l’arrêt respiratoire. Elle se produit dans les cas où :

Dans ces cas, la victime « boit la tasse ». Une partie de l’eau est avalée, l’autre partie passe dans les poumons et provoque une asphyxie progressive, immédiatement irréversible, dont l’état terminal est une syncope anoxique (manque d’oxygène). Le noyé sera dit « bleu ».


Noyade secondaire (syncopal)

Par noyade secondaire on entend que l'inondation des voies respiratoires se fait  APRES  la perte de connaissance et l’arrêt respiratoire. L’inondation est soit active (reprise sous l’eau des mouvements respiratoires), soit passive (par infiltration, la victime coule). Elle se produit dans les cas où :

Dans tous ces cas, la victime perd connaissance  AVANT  que le processus de la noyade ne s’engage. C’est la reprise sous l’eau des mouvements respiratoires qui provoque la noyade ou l’entrée passive de l’eau dans les poumons par dépression pulmonaire, la victime sombre. Le noyé sera dit « blanc ».


Mécanisme de la noyade

Maintenant que nous avons vu les principales causes qui peuvent conduire à une noyade nous allons voir comment celle-ci se développe, du simple incident à la tragédie qui peut dépendre de la rapidité d’intervention du sauveteur.

Première phase Deuxième phase Troisième phase
Il y a une apnée réflexe dès que la tête est immergée.
Sa durée est de quelques secondes à 2 minutes, suivant l’effort fourni préalablement.
Il y a perte de connaissance et un arrêt cardiaque est possible.
Il y a une reprise respiratoire, caractérisée par quelques inspirations rapides.
C’est le temps de noyade, de l’irruption de l’eau dans les poumons par aspiration.
Cette phase dure généralement 3 minutes.
L’arrêt respiratoire est complet, la victime sombre vers le fond.
S‘installera ensuite un état de mort apparente, le cœur bat encore.
Puis suivra un état de mort clinique, il y a fibrillation ou arrêt cardiaque (le cœur continue de battre 4 à 10 minutes après l’arrêt respiratoire), finalement, un état de mort réelle, l’arrêt cardiaque est irréversible et le manque d’oxygène au plan cérébral est aigu.


Mort apparente Mort clinique Mort réelle
  • plus de ventilation
  • le cœur bat, tension faible
  • grave mais réversible
  • fibrillation suivie de l’arrêt du cœur
  • très grave, réversible mais séquelles neurologiques si l’arrêt cardiaque dépasse 3 minutes
  • arrêt cardiaque depuis plusieurs minutes
  • abaissement de la température centrale, légère protection
  • anoxie du tronc cérébral
    irréversible sauf exception, séquelles très graves


Tout ce processus est rapide dans le temps et les conséquences importantes.
Il est nécessaire de bien comprendre que le cerveau est constitué de cellules (les neurones) qui ne supportent pas d’être sous-oxygénées même brièvement. Que le cerveau représente seulement le 2% de la masse corporelle normale mais consomme les 20% de l’oxygène apportés par la respiration. Il est donc la cible principale de cette asphyxie.

Les chances de survie à la noyade sont faibles, le tableau ci-dessous en donne un aperçu significatif.

Durée de la submersion % de récupération
1 mn
3 mn
6 mn
8 mn
95%
75%
25%
<3%

 

Ces valeurs ne sont pas absolues, la température de l’eau est à considérer.
Dans l’eau froide les chances de survie sont légèrement majorées parce que l’abaissement de la température du corps préserve le cerveau pour une durée un peu plus grande (maximum 30 mn - hypothermie).


Différence eau douce - eau de mer

L’organisme ne répond pas de la même façon lors d’une noyade en eau douce ou en eau de mer, même si les gestes du prompt secours sont semblables. Les différences proviennent de l’absence de sel (NaCl) dans l’eau douce.

Milieu Eau douce Sang Eau de mer
Concentration en sel 0 g./l 9 g./l ~33 g./l


Selon le principe de l’osmose qui dit qu’une solution moins concentrée en sel, séparée d’une solution plus concentrée par une membrane semi-perméable, traversera la membrane pour diluer la solution la plus concentrée jusqu’à l’équilibre des concentrations, l’eau douce traversera la paroi alvéolaire pour diluer le sang. Cela entraîne des complications sévères dont principalement :

Lors de la noyade en eau de mer les conséquences sont principalement :

Cliniquement, la noyade en eau douce est dans l’ensemble trois fois plus sévère qu’en eau de mer par les complications pathologiques qu’elle crée. A cela seront toujours associés des troubles infectieux, en piscine, la présence de chlore et divers désinfectants et la pollution de l’eau en général.

Ci-dessous le schéma physiopathologique des noyades en eau douce et eau de mer.

EAU  DOUCE EAU  DE  MER

 

RÉSULTAT
- Fibrillation ventriculaire
- Hémodilution
- Hypervolémie
- Hémolyse
- Hyponatrémie
- Hémoconcentration
- Hypovolémie
- Hypoprotéinémie
-
Hypernatrémie

 

Prévention

La noyade étant un accident il faut donc lui accorder la notion d’inattendu, d’imprévisible. Toutefois, il est possible et nécessaire d’en réduire les risques d’apparition. Plusieurs mesures sont à prendre :

Dans tous les cas, faire preuve de bon sens et se souvenir que dans l’eau on se trouve dans un environnement qui n’est pas le nôtre, qu’il a ses propres lois et que physiologiquement nous ne sommes pas adaptés à la vie aquatique. Nous sommes des « terriens ».

PROMPT  SECOURS

  • Pour le sauveteur, d’abord s’assurer être capable de pouvoir exécuter le sauvetage et ne pas hésiter à s’équiper d’une paire de palmes pour réduire les efforts qu’imposent un sauvetage. Un faux héroïsme peut faire 2 victimes.

  • Dans tous les cas, sortir le noyé le plus rapidement possible, toutes les secondes comptent et donner l’alerte immédiatement.

  • Dès que c’est possible, commencer une ranimation par bouche à nez, dans l’eau déjà en ayant pied ou à une échelle et sur terre ferme après avoir positionné la victime de façon adéquate, si nécessaire, un massage cardiaque externe (à ne faire que par des personnes instruites pour cela, connaissant les gestes qui sauvent).

  • Pratiquer la ranimation sans arrêt, elle ne peut être interrompue qu’en cas de mort certaine. Si la respiration se remet en route, donner immédiatement de l’oxygène au masque avec un débit de 15 l./mn et garder sous surveillance constante. Puis acheminer le plus rapidement possible en milieu hospitalier, seul capable de traiter les complications dues à la noyade au moyen des services spécialisés (ambulance, pompiers) qui assurent un transport médicalisé.


Remarque 
Les noyades spécifiques à la plongée libre et en scaphandre ne sont pas traitées ici.

Glossaire SISL des termes médicaux concernant la noyade

Bibliographie
« La noyade en surface et en plongée » des Dr P.-L. Servettaz et J. Tailleur
« Echec à la noyade » brochure de la SSS/SLRG

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