En été, le lac Léman est un merveilleux endroit pour passer une journée,
que ce soit pour nager ou tout autre activité aquatique. En suivant
quelques conseils simples de sécurité, on peut prévenir certains
des accidents les plus communs qui se produisent dans cet environnement.
La natation est très plaisante, mais la noyade est un danger réel.
Connaître les causes les plus courantes des accidents aquatiques et
respecter les règles élémentaires de sécurité, tel est le but de ce
dossier.
«Vous
venez de manger ! Vous devez attendre au moins une, voir deux heures avant
d'aller nager !»
Tout le monde a certainement déjà entendu parler de cette mise en garde
bien intentionnée de nos mères et grand-mères. Aucune tricherie n'est
tolérée, au risque de couler comme une pierre, en laissant à peine une
ondulation à la surface de l'eau. Mais, est-ce un mythe ou bien la réalité
?
Une enquête a été réalisée sur le sujet auprès de 1300 mères
américaines invitées à répondre à la question:
«pensez-vous qu'il est sécuritaire de laisser les enfants nager droit après avoir mangé ?» |
oui : 42% |
non : 58% |
Les avis sont très partagés, mais aucun cas de noyade le ventre plein n'a jamais été documenté, et aux États-Unis par exemple, les statistiques montrent que moins de 1% de tous les décès par noyade ont eu lieu après que les victimes aient mangé un repas.
La digestion commence immédiatement après avoir absorbé de la nourriture et environ la moitié de celle-ci reste dans l'estomac pendant deux heures; il faudra encore environ quatre heures pour que l'estomac soit complètement vide. L'alimentation passe deux heures dans l'intestin grêle (où la plupart des travaux de digestion et d'absorption ont lieu) et 14 heures dans le gros intestin. En outre, la digestion sera différente en fonction de la nourriture absorbée. Les glucides simples (comme le sucre dans une pomme ou une boisson gazeuse) vont être digérés plus rapidement qu'un repas gras (par exemple, un cheeseburger).
Lorsque
nous mangeons, nous avons besoin de temps pour digérer les aliments en
laissant à notre organisme le soin de traiter cette nourriture en y absorbant les nutriments, qu'ils
s'agissent de glucides, de protéines ou de graisse. Dès lors, il y a un changement radical du flux
sanguin dans l'abdomen pour soutenir l'augmentation de l'activité
musculaire du tube digestif. Comme la demande de sang dans l'intestin
augmente, il y en a moins disponible pour le transport de l'oxygène vers
les bras et les jambes. Les muscles de ces membres y compris ceux
impliqués dans la respiration, ont besoin d'oxygène pour soutenir
l'augmentation d'activité nécessaire au cours d'exercices comme par
exemple la
natation. Cependant, il est tout de même possible de nager avec suffisamment de vigueur
alors que les muscles ont besoin de plus d'oxygène que la circulation peut
en apporter sur le moment. Cette situation peut perdurer pendant un
certain temps, mais le métabolisme de ces organes se retrouvera rapidement en anaérobie
(sans oxygène). Cette conséquence engendre la production d'acide
lactique qui est toxique pour les muscles et qui s'y accumule, ainsi que
dans le sang.
Ces changements, ainsi que le niveau réduit d'oxygène et d'autres
modifications métaboliques, peuvent provoquer alors des crampes
musculaires (y compris celle qui est souvent appelé un "point"), crampes qui
pourraient empêcher un nageur d'être en mesure de regagner le bord et
pourraient potentiellement conduire à la noyade.
La crampe qui est une contraction douloureuse du membre qu'elle engourdit, nous expose à un danger si elle nous saisit lorsque l'on nage. Si vous subissez une crampe, la meilleure chose à faire est de rester calme et essayer d'étirer le muscle touché tout en flottant dans l'eau. Si vous êtes épuisé, ne paniquez pas. Relaxez-vous en flottant sur le dos jusqu'à ce que vous retrouviez des forces. Vous pouvez aussi flotter sur le ventre et masser les crampes, si nécessaire.
Il n'y a pas de règles écrites sur les quantités de nourriture qui seraient trop importantes pour aller nager. Il faut utiliser son bon sens et son propre jugement. Une collation sous forme de quelques biscuits, une pomme, ou un sachet de chips ne se traduiront pas par des crampes. Toutefois, un repas complet est beaucoup plus susceptible de provoquer des contractions musculaires. Bien entendu, cela suppose de pratiquer une activité vigoureuse. La majorité des personnes qui nagent, font de la natation de loisir. Cela signifie qu'une personne va se prélasser, parler avec des amis, jouer avec les enfants, ou tout simplement profiter de l'eau. Ce type de comportement n'est généralement pas suffisamment dynamiques pour entraîner des crampes. Par contre faire des bassins dans une piscine, ou nager sur une certaine distance, quelle que soit la vitesse, seraient à considérer comme suffisamment vigoureux et la prudence devrait être de rigueur après avoir mangé.
Une baignade avec un estomac plein peut également conduire à d'autres
types d'inconfort, comme les brûlures d'estomac ou des vomissements. Si un
nageur, en particulier un enfant vomit pendant la nage en raison d'un estomac bien plein, le risque de noyade est possible.
Tout effort violent avec l'estomac plein peut entraîner des vomissements.
A l'image des recrues lors de leur formation militaire qui régurgitent
leur petit-déjeuner au bord de la route lors d'activités physiques
violentes et vigoureuses.
A contrario, faire de l'exercice de toute nature n'est pas recommandé avec un estomac vide, il y a risque d'hypoglycémie (insuffisance du taux de glucose dans le sang) qui peut provoquer une perte de connaissance. A ce sujet, de nombreux experts recommandent une petite collation avant ou même pendant l'exercice pour maintenir les niveaux d'énergie. C'est le cas des nageurs d'élite, qui sont souvent encouragé à prendre des aliments à haute énergie juste avant une course.
Sur
une plage par une journée chaude, le corps va transpirer. La sueur
produite aide le corps à se refroidir, mais sans un bon apport de liquide,
il va se déshydrater. La déshydratation peut entraîner une perte de
connaissance. La corrélation entre la déshydratation et la natation, c'est
que dans l'eau, le corps peu tout de même transpirer même si on ne réalise
pas qu'il a chaud ou qu'il est en sueur. Cela signifie qu'il pourrait
devenir sévèrement déshydraté sans même s'en rendre compte, et, en
définitive, devenir très faible alors qu'on se trouve dans l'eau. Toute forme
d'exercice y compris la natation entraîne la perte de sel et d'eau dûe à la transpiration.
Pour compenser ce manque, il faut s'assurer d'avoir consommé suffisamment de
liquides avant et d'avoir des collations salées sous la main.
Il est vrai que la température corporelle augmente légèrement avec la digestion des aliments. Mais certaines idées bien ancrées, relatent qu'après avoir mangé, lorsque vous entrez dans l'eau, indépendamment d'une exposition ou pas au soleil, la fraîcheur de l'élément liquide provoque un choc thermique et le résultat serait un évanouissement, qui dans l'eau, bien sûr, pourrait provoquer une noyade (ne pas confondre avec l'hydrocution). Cependant, l'augmentation de la température en raison de la digestion est très légère et, en fait, n'est rien de plus que l'augmentation que peut provoquer un bain de soleil.
L'hydrocution
est un arrêt brutal du coeur et de la respiration en pénétrant brusquement
dans l'eau, conséquence de la différence entre la température du corps et
celle du milieu aquatique et qui peut provoquer la noyade (on dit alors
qu'il s'agit d'une "noyade syncopale").
C'est un choc thermique. En effet, la température élevée (suite à une
exposition au soleil) provoque une dilatation des vaisseaux sanguins afin
d'évacuer la chaleur du soleil que le corps reçoit en trop. Pour cela, le
coeur doit augmenter son rythme pour accélérer ce refroidissement. Or, le
contact de la peau avec l'eau froide entraîne un réflexe de notre
organisme
qui contracte brutalement les vaisseaux sanguins pour garder un maximum de
chaleur et ramener plus de sang à l'intérieur du corps. Mais comme le
coeur avait auparavant augmenté son rythme cardiaque, cette
vasoconstriction provoque une hypertension (tension trop forte dans les
vaisseaux). Pour lutter contre cette
augmentation anormale de pression artérielle, le rythme cardiaque va
brusquement ralentir, mais beaucoup trop rapidement, le cerveau ne
recevant plus assez
d'oxygène et provoque alors, une syncope (perte de connaissance).
Tout le monde est susceptible d'être victime d'hydrocution, mais les
enfants et les personnes âgées ont plus de risques car ils sont plus
fragiles.
Pour éviter ce choc thermique, il faut:
Ø prendre graduellement une douche froide ou entrer dans l'eau progressivement |
Ø mouiller d'abord la nuque, le thorax et le dos, riches en récepteurs thermiques |
Ø éviter auparavant une exposition trop intense au soleil |
Ø boire beaucoup de liquides avant de sauter à l'eau |
Ø éviter les repas copieux et alcoolisés |
Ø ne pas se baigner pendant la digestion |
Ø ne pas se baigner seul sans surveillance |
Par définition la noyade est un accident de type asphyxique aigu provoqué par l'inondation des voies respiratoires suite à une immersion ou une submersion. On distingue la noyade dite primaire, de la noyade dite secondaire. Pour plus d'informations sur le sujet, voir ce lien.
Par noyade primaire on entend que l'inondation des voies respiratoires se fait AVANT la perte de connaissance et l'arrêt respiratoire. Elle se produit par exemple pour une personne ne sachant pas nager qui tombe à l'eau puis coule ou pour un nageur qui dépasse ses possibilités et se noie après épuisement.
Par noyade secondaire on entend que l'inondation des voies respiratoires se fait
APRES
la perte de connaissance et l'arrêt respiratoire. L'inondation est soit
active (reprise sous l'eau des mouvements respiratoires), soit passive
(par infiltration, la victime coule).
Elle se produit par exemple pour une personne qui subit une hydrocution,
un traumatisme suivit d'une perte de connaissance ou une allergie au
froid.
L'alcool peut gravement altérer le jugement, l'orientation et la capacité physique comme l'équilibre et la coordination. Cela peut conduire à la noyade. Des études à nouveau aux États-Unis, ont démontré que 25% des noyades chez les adolescents et 41% chez les adultes étaient liées à l'alcool. L'absorption d'alcool réduit également les compétences de l'organisme à résister au froid. Dans tous les cas, ce n'est jamais une bonne idée de mélanger l'alcool et la natation.
Plonger
dans le lac sans en avoir vérifié la profondeur auparavant peut entraîner
des effets dévastateurs et irréversibles comme des blessures à la colonne
vertébrale. Les lésions médullaires sont des atteintes de la moelle
épinière qui, par suite de chocs, peut être comprimée ou sectionnée par
une ou des fractures de la colonne vertébrale. Selon la gravité de la
blessure, la paralysie sera plus ou moins importante et dans l'eau le
résultat d'un tel accident entraîne parfois la mort par noyade des
victimes.
Lors d'un plongeon en eau peu profonde, la mauvaise évaluation de la profondeur est à l'origine de ce type d'accidents qui touchent le plus
fréquemment une population jeune qui malheureusement souvent, ne tient pas compte de leur
instinct naturel et agisse de manière imprudente. Cela est
généralement dû à la pression des pairs et / ou à la consommation
d'alcool.
Le Léman est un lac alpin soumis aux influences des cours d'eau qui s'y jettent et qui en cas d'orage, charrient une grande quantité de matériaux en suspension. La transparence des eaux dépend donc de leur teneur en particules solides, mais aussi de la densité du plancton dont la prolifération modifie quelque fois l'image séduisante du « Bleu Léman » en le colorant de teintes peu attrayantes, allant du rougeâtre au brunâtre. Cette turbidité de l'eau, conjugué avec une géographie de ses rives souvent abruptes, entraînent le danger d'y perdre pied rapidement et brutalement tout en étant tout près du bord.
En
2008, sur les 116 plages et accès au lac Léman, 91 étaient de très bonne
qualité, alors que 22 entraient dans la classe de qualité moyenne. Ces
deux classes sont très proches et l'on peut parfaitement se baigner sans
risque sanitaire sur les plages qualifiées de moyennes. Une seule plage
était interdite de baignade en raison de la mauvaise qualité de son eau
(source
CIPEL).
Lors de forte chaleur (température de l'eau supérieure à 20°C) dans les
eaux peu profondes riches en végétation ou bien dans les zones où existent
un manque d'hygiène des eaux, il y a risque d'apparition de la
"dermatite du baigneur". Cette dermatite, qui provoque une réaction
bénigne mais désagréable, est due à une larve d'un parasite des oiseaux
aquatiques que l'on appelle couramment la puce du canard. Cette larve
pénètre dans la peau et provoque de fortes démangeaisons. Pour réduire les
risques d'attraper la dermatite du baigneur, il faut après la baignade,
se doucher, se sécher le corps immédiatement et soigneusement avec une
serviette et, si possible, changer de vêtements. Voir aussi sur le sujet
une fiche
d'informations de l'Office fédéral de la santé publique (
OFSP).
Considérant que le Léman est un lac le plus souvent froid et que même l'été, il peut varier est descendre jusqu'à 18°C,
il est important que les nageurs prennent conscience que certes, la
température est un facteur important, mais la perte de la chaleur du corps
dans l'eau qui est d'environ 25 fois plus élevée que dans l'air, en est un
autre plus significatif. L'hypothermie survient lorsque l'organisme perd
plus de chaleur qu'il n'en produit provoquant la chute de la température
interne du corps. Elle est dangereuse parce qu'elle touche les organes
vitaux, le cerveau, le cœur, les poumons entre autre. Même un cas bénin
d'hypothermie affecte les capacités physiques et mentales et augmente le
risque d'accidents. L'hypothermie sévère entraîne une perte de conscience
et peut entraîner la mort. La perte de chaleur corporelle élevée dans l'eau
ne s'arrête pas à des températures supérieures à 20°C qui sont considérées
comme confortables. Des difficultés de nager, voir dans les cas extrêmes,
même des décès par perte de chaleur, peuvent se produire à ces températures.
C'est le cas pour des nageurs inexpérimentés, qui au début se sentent à
l'aise, et qui mis en confiance, s'aventurent trop loin de la rive,
combiné souvent avec la consommation d'alcool peut être une cause de
noyade pendant la baignade. Pour plus d'informations sur le sujet, voir
ce lien.
L'urticaire
au froid est un trouble caractérisé par l'apparition rapide de
démangeaisons, de rougeurs et gonflements de la peau en quelques minutes
après l'exposition à un stimulus froid. Ceux qui sont allergiques au froid
courent le risque d'anaphylaxie sévère à l'eau froide et donc un risque de
noyade par état de choc ou perte de connaissance. Les personnes courant se risque
devraient s'abstenir de nager seule. Voir
ce lien pour prendre
connaissance des courbes annuelles de températures du Léman.
Le corps génère de façon normale de la chaleur en raison du métabolisme et il est généralement capable de la dissiper soit par rayonnement par la peau ou par évaporation avec la sueur. Toutefois, dans de la chaleur extrême, de l'humidité élevée ou un effort vigoureux sous le soleil, l'organisme n'est plus en mesure de dissiper cette chaleur et la température du corps monte, parfois jusqu'à 41°C ou plus. Une autre cause du coup de chaleur est la déshydratation, car l'organisme n'est plus en mesure de suer assez vite pour dissiper la chaleur, ce qui provoque l'augmentation de sa température. Contrairement aux crampes de chaleur et d'épuisement par la chaleur, deux formes d'hyperthermie qui sont moins sévères, le coup de chaleur est une véritable urgence médicale qui peut être mortelle si elle n'est pas correctement et rapidement traitée.
Les principaux risques liés à une exposition prolongée au soleil sont:
Ø coup de chaleur (pouls rapide, difficulté à respirer, agitation, coma) |
Ø crampes de chaleur (crampes aux mains, aux pieds ou aux mollets, muscles durs et tendus) |
Ø insolation (céphalées, agitation) |
Ø coup de soleil (peau rouge, douloureuse, fièvre, ampoules remplies de liquide) |
Ø épuisement par la chaleur (après plusieurs jours d'exposition à des température élevées) |
Ø cancer de la peau |
Pour plus d'informations concernant les dangers du soleil, voir
ce lien.
Dispositions relatives à la baignade
La
plupart des plages autour du Léman sont sans surveillance.
En cas de problème, les secours peuvent être alarmé en composant le
Sur le Léman, lorsqu'il existe un risque important de changement météorologique, un service d'avertissement des coups de vent permet de
renseigner les usagers du lac souvent deux heures à l'avance de
l'imminence d'un probable coup de vent ou orage.
Ces avis de tempêtes sont donnés par 22 phares oranges répartis sur tout
le périmètre du lac. Voir
ce lien.
Le signal est donné au moyen de feux de couleur jaune scintillants montrant environ 90 apparitions de lumière par minute. L'avis de tempête signale toujours un danger imminent.